La Délégation Creuse de
Maisons Paysannes de France avait organisé une
visite de l'entreprise
Joël RICHARD, l'un
des derniers fabricants de bardeaux de châtaignier, à
Bénévent-l'Abbaye (23).
La présentation a été faite par Monsieur Richard père, aujourd'hui à la retraite. Lui-même avait repris
le flambeau derrière plusieurs générations d'artisans qui taillaient le bois de châtaignier pour en
faire ces bardeaux permettant de couvrir les habitations de façon durable et écologique.
Cette entreprise artisanale d'une dizaine de salariés travaille le châtaignier depuis son exploitation forestière
jusqu'au produit élaboré (perches ou billons de 8 à 25 cm de diamètre).
Afin d'assurer la meilleure qualité possible des bardeaux (de 33 cm de longueur), des
sélections successives donnent différents autres produits comme des piquets, des bois à menuiserie et du bois à papeterie, ou encore des plaquettes pour panneaux de particules pour le dernier tri.
La démonstration de la taille traditionnelle et de la taille actuelle a été faite avec tous les gestes nécessaires
pour obtenir un bardeau fendu, en respectant l'orientation des fibres, condition indispensable à la bonne tenue dans le
temps.
Le départoir avec maillet de bois était l'outillage traditionnel. Il est aujourd'hui remplacé par la fendeuse
électrique ou hydraulique.
Après le premier débit en épaisseur régulière, le bardeau est repris pour le déligner en enlevant la mince couche
d'aubier que porte le châtaignier (entre le coeur et l'écorce). Le bardeau est ensuite bloqué sur la « chèvre » pour l'amincir à la plane,
dans sa partie haute, en ne touchant pas à la partie qui sera exposée aux intempéries (le pureau).
Différentes formes sont possibles avec une taille supplémentaire.
Toutes les opérations sont manuelles et faites sur le bois frais.
Les Etablissements Joël RICHARD travaillent aussi le bois d'acacia pour faire des bardeaux de 45 cm.
L'acacia est débité sur quartier et nécessite du bois de plus forte section.
Le châtaignier est exploité vers l'âge de 25 à 30 ans. Son aubier est peu épais et le bois est donc déjà
exploitable pour la fabrication du bardeau.
La longueur de 33 cm dépend de l'entre-noeud possible.
Le pureau est d'un tiers (soit de 11 cm), ce qui signifie une triple épaisseur de bardeaux au niveau de la tête.
Le fendage respecte le fil du bois (contrairement au sciage), évitant la déformation ultérieure des bardeaux.
Le fendage rend le bois imperméable car l'eau de pluie ruisselle à sa surface.
L'acacia qui possède un aubier plus épais (3 à 4 cm) demande à être exploité plus tard (vers l'âge de 50 à 100 ans).
Il est fendu sur quartier (comme une part de camenbert !) ; sa tenue dans le temps est plus importante.
Comme toutes les toitures à base de végétaux, plus la pente du toit est importante, meilleurs sont l'écoulement des eaux
et l'assèchement de la couverture (pente de 100 %, soit 45 degrés au minimum pour les bardeaux).
Quel que soit leur nom - bardeau, essente, ancelle, tavaillon - ces tuiles de bois furent très utilisées
dans les régions qui possédaient du bois en abondance (principalement pour les toitures des villes, le chaume étant
plus courant à la campagne).
Une bonne couverture dure 50 à 80 voire 100 ans, selon la pente de la toiture - voir les clochers
d'église.
S'en est suivie une visite de l'abbatiale de Bénévent, guidée par le Docteur Jean Conquet qui a plongé les participants
dans les origines de cette architecture où se mêlent toutes les traditions de construction et les sens cachés
aux profanes.
La journée s'est poursuivie par la découverte de l'entreprise
Lou Fagotin avec Lucien Cassat, à Saint-Pierre-de-Fursac (23).
Voir page suivante le
travail
de feuillardier de Lou Fagotin et les « Folies d'Amédée »,
cabanes et édicules originaux situés sur un parcours poétique en pleine nature, au bord de la Gartempe.