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L'appareillage : les règles de l’art (suite)

  5. Disposition des pierres

Le maçon alterne les pierres qui s’allongent sur le pan de mur (panneresses) Panneresse Panneresse
Pierre dont la plus longue face est vue en parement dans le pan de mur.
et cel­les qui plongent en profondeur vers l’in­térieur (boutisses) Boutisse Boutisse
Pierre dont la plus grande longueur pénètre profondément dans l'épaisseur du mur. Seule la petite face (bout) est vue en parement.
. Pour chaque pierre, il choisit son lit de pose, la surface la plus large, et le lit supé­rieur d’attente. On approche la cordelette de l’angle saillant de la meilleure arête tout en laissant un petit jour pour ne pas toucher au fil ni modifier sa liberté.

Cet ouvrage exposé à la vue est appelé le parement. Les pierres y sont bien ajustées les unes aux autres par obéissance à la nécessité. Cette nécessité qui s’impose est aussi une parure. Le parement intérieur obéit aux mêmes règles. Il est toutefois d’une surface moins soignée et recevra un enduit.

Les garnis, petites pierres tout venant, sont soigneusement disposés de manière à remplir l'espace entre les deux parements (extérieur et intérieur) qui forment le mur.


  6. Assise et mortier



La maçonnerie monte d’une pierre d’angle à l’autre, alignée au cordeau. La hauteur d’une encoignure indique celle de l’assise. Les pierres y sont soigneusement liaisonnées en rangs plus ou moins réguliers, pratiquement à joints vifs et tous les joints verticaux sont contrariés.

Les vides, inévitables avec des pierres tout venant, sont remplis par le mortier ; la pierre est frappée afin qu’elle rencontre et touche sa voisine. A l’intérieur, les éclats et les pierres sans forme sont noyés et stabilisés par un maximum de proximité. Le mortier n’est ni un adhésif ni une colle. C’est la cohésion des pierres qui répartit les charges et rend la construction indéformable.

Toute pierre à maçonner est fille de sa roche-mère. Ainsi, pierres équarries à la chasse, pierre taillées au ciseau ou pierre litées tout venant, toutes ont leur appareillage ap­pro­prié, déterminé par leur nature.



L’appareil est la disposition particu­liè­re des pierres en parement du mur, selon leur forme et le choix de leur mise en oeuvre. Les pierres sont agencées mé­tho­di­quement et pa­reil­lement les unes aux autres. Les exécutions lisibles sur la face des murs ont chacune une définition propre appelée l’appareillage.


Appareiller, c’est donc faire s’avoisiner des pierres semblables mais non identiques : le dessin va du foisonnement aux figures géométriques.




On accepte forcément les formes des roches litées mais on peut imposer, par la taille, des angles et des surfaces aux roches grenues. L’appareilleur est l’ouvrier spécialisé qui pose les pierres de taille.

La pierre se pose à plat sur son lit ; elle n’est jamais debout en "chandelle". Cependant, pour les voûtes et les cintres, le maçon la dispose lit debout, piqué de chant.

Le fil bien observé indique la position de naissance géologique ; cette position, conservée dans le mur, lui donne sa plus haute résistance à la pression.

Télécharger la notice manuscrite illustrée sur le limousinage (pdf de 660 ko)  


Les jeunes paysans, émigrés des pays limousins et marchois vers les chantiers urbains, ont laissé des traces puissantes dans le langage du bâtiment. Ainsi, les termes de limousinage ou limousinerie désignent encore aujourd’hui une maçonnerie de pierre tout venant au parement brut et apparent, soigneusement assisées et liées au mortier. C’est l’appareillage fondamental, la seule manière de travailler, laquelle domine dans la quasi-totalité des maisons paysannes en tout pays.


La main saisit la pierre choisie au coup d’oeil et la place aussitôt, légèrement frappée au marteau ou au manche de truelle pour faire refluer le mortier d’attente. C’est la pierre qui a indiqué au maçon la disposition possible ; il la prend comme elle vient sur le tas déposé à ses pieds, sans la retoucher ou si peu, pour aviver une arête… La pierre s’avoisine, se dispose d’elle-même, prend sa place et s’appareille aux autres. Les pierres feuilletées ne peuvent pas être taillées ; ce serait aller contre la géologie. Quant à l’outil manuel, il impose ses limites. C’est la pierre qui révèle sa destination, sa place. La pierre parle à la main du maçon.



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