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L'appareillage : les règles de l’art

Les règles de l’art, règles universelles pour toute maçon­nerie, sont venues de l’expé­rience tradi­tion­nelle : c’est donc dans le livre ouvert des villages qu’on peut les lire et s’en instruire.

La mise en place des pierres est variée à l’infini puisque les pierres sont différentes au sein même de leur nature géologique tout comme dans leur fonctionnement.

Toutefois, la mise en place, pour édifier la maison des hommes, obéit à quelques règles élémentaires, communes à toute maçonnerie.


  1. Sagesse et logique

Le maçon s'adapte à la pierre, l’accepte comme elle est.


Au fondement, c’est une sagesse acquise par l’homme habile de la préhistoire : elle répond à une logique de soumission aux matériaux proches et disponibles et à une observation attentive, affective même, des volumes et des consistances. Le maçon des maisons de villages en est l’héritier par la simplicité avec laquelle il s'adapte à la pierre, l’accepte comme elle est. Il fait seulement ce qui est nécessaire et possible.

  2. Le sens de la pierre sur son lit

L’ouvrier pose le moellon selon le lit de carrière et le fil de la pierre mais il n’est pas facile de montrer, sur les murs de grès, de calcaire et même de granite, le sens du lit de carrière ni la fente à peine perceptible qui coupe la masse, appelé le fil.



Quand on chemine entre les maisons dans les pays de gneiss micaschisteux du Limousin, le feuilleté du fil saute aux yeux. Ici, le maçon a placé les pierres horizontalement, de sorte que les efforts s’effectuent perpendiculairement au lit de carrière.

  3. Monter droit


La caverne est un creux, la cabane végétale est charpen­tée mais vulnérable. Voici que la pierre elle-même pourrait permettre un abri ; or elle est rigide, lourde… et il faut la monter droit vers le ciel, entrer en lutte contre la pesanteur et s’en servir aussi pour la stabilité. Un poids au bout d’une corde fine, voilà pour mesurer la verticalité.

Télécharger la notice manuscrite illustrée sur les outils du maçon (pdf de 110 ko)  



C'est aujourd'hui avec le plomb que l'ouvrier juge de la verticalité, c'est-à-dire de l'aplomb de sa première pierre d'assise. Le carré du plomb est appliqué à l'arête supérieure de la pierre choisie, posée sur son bain de mortier. Le bord inférieur du cône doit seulement effleurer la base de cette même pierre d'assise. On dit que la pierre est plombée, elle servira de guide pour toute la hauteur.





Ensuite, c’est à partir de la pierre d’angle posée au soubassement des quatre angles que le maçon, tout là-haut, apprécie la verticalité de chaque encoignure qu’il installe.



De pierre d’angle en pierre d’angle, l’aplomb est transmis horizontalement par le cordeau, à tout l’ensemble de la construction.

Une légère inclinaison, appelée « fruit », est donnée aux murs de bas en haut, parfois sur les quatre murs de la maison afin d’augmenter sa stabilité et de soutenir la charpente ; c’est aussi le cas pour contenir des talus ou des rampes.

  4. L’aplomb de l’ensemble


Cordeau


Un cordeau tendu du sommet d’une encoignure à l’autre dirige la disposition des pierres, assisées par rangs, sur le pan de mur de la maison. L’homme, une main derrière le fil et l’autre devant, aligne les pierres.


Cordeau



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