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Les chaînes d'angle : en granite, en gneiss

Ils sont en carrière ou parfois au pied des murs de construction, les tailleurs de pierre… Abrités sous une claie de genêt dressée contre le soleil ou la pluie, deux hommes à genoux taillent des pierres ; celles-ci sont légèrement inclinées et couchées sur des tas d’éclats de taille. C’est une averse incessante de coups et de contrecoups de massettes acharnées sur la tête des ciseaux qui dégagent l’arête et des poinçons qui mordent le grain. Les taillants frappent en glissant et laissent le semis de leurs traces obliques. Cris, appels, jurons, chansons fusent de la cabane…

Obéissant à la nature du minéral, le tailleur impose à la pierre la forme prévue pour son emplacement. Il dégau­chit à partir d’une réglette les quatre angles d’un même plan. Il a calculé hauteur, longueur, profondeur du bloc ou du moellon. La longueur sera au moins une fois et demie la hauteur d’assise ; la profondeur, queue de moellon, sera d’un tiers à un quart de l’épaisseur du mur, afin de ne pas rester seulement en parement.


Dans les pays limousins où la roche se prête à la taille, les ouvriers taillent pierre d’angle, entrées de granges, embrasures de baies, pavage de cuisine.




Pendant l’hiver en Haute-Marche, on taille aussi bandeaux et encorbellement des nouvelles façades.

Granites et brèches, grès du bas-Limousin, calcaires des pourtours périgourdins ou charentais, basaltes sombres aux approches de l’Auvergne laissent raviver leur histoire géologique sous la pointe et le ciseau des tailleurs de pierre.


Télécharger la notice manuscrite sur les outils du tailleur de pierre (pdf de 1,1 Mo)  

Voici leurs outils : les marteaux-chasses et les chasses pour éclater et préparer les arrêtes des blocs dégrossis en carrière ; le marteau-pic présent sur le pelletage échafaudé, à portée de la main, autant que dans la cabane du tailleur de pierre. Ce sont les massettes, carrées ou rondes, qui frappent la tête des poinçons (broches, pointes, pointeroles, aiguilles…) pour attaquer le grain, soit en piqûres, soit en lanières… et la tête des ciseaux larges ou étroits. Voici la laye ou marteau-taillant qui chemine, oblique, sur les faces à finir de dresser. Cet outil a été délaissé au profit de la boucharde, au cours de la deuxième moitié du XIX° siècle dans nos pays. Cette dernière, avec ses dents à quatre faces, permet une finition plus rapide mais elle est redoutable pour les pierres fragiles.

Les tailleurs de pierre ont choisi, pour les premiers libages du soubassement, les pierres les plus dures (les bancs inférieurs de carrière) : elles sont les plus résistantes à l’écrasement et les plus réfractaires à la capillarité.

La première pierre d’angle peut recevoir une marque religieuse (une croix), rituel connu dans certaines régions (Xaintrie).



Les pierres d’angle d’une maison, c’est comme un enchaînement de maillons superposés et croisés, formant une colonne liée dans la profondeur de la maçonnerie. Dans cette rencontre de deux murs perpendiculaires, chaque encoignure est à la fois boutisse Boutisse Boutisse
Pierre dont la plus grande longueur pénètre profondément dans l'épaisseur du mur. Seule la petite face (bout) est vue en parement.
et panneresse Panneresse Panneresse
Pierre dont la plus longue face est vue en parement dans le pan de mur.
sur l’un ou l’autre des deux pans.




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