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Les tuffières

Mais où est-il donc, ce tuf ?

Les tuffières sont proches du village, multiples, creusées au plus facile, au bas des pentes. Sous les taillis proches, on décèle leur moutonnement sous la végétation, vestiges d’antiques extractions.

Mais si vous demandez où sont les carrières de sable local, on ne peut pas vous répondre car il n'y a jamais eu d'excavations appelées carrières et les cadastres n'en mentionnent aucune. Si vous insistez dans votre recherche, on vous indiquera peut-être la rivière ou le marchand de matériau.

Mais si vous demandez, et surtout dans la langue de l'ancien auquel vous vous adressez, après les civilités paysannes encore en usage bien sûr, on vous répondra : - oh pas loin pardi, dans la châtaigneraie, derrière les granges ... On devine encore les "croses".




Oui, les tuffières sont en sommeil partout. Les habitants d'un village peuvent chercher du tuf sur leur domaine ou sur un "bien de section" qui leur est commun. Ailleurs, il faut s'entendre en passant par les civilités d'approche et réactualiser les coutumes de solidarité.



Après la pelle et la pioche d'hier, aujourd'hui c'est la pelle mécanique qui pratique l'abattage à la tuffière, y compris dans les boules granitiques. On découvre le tuf par le haut, en évacuant proprement terre végétale, racines, feuilles, branches, mottes …

Il faut avoir le courage de descendre de l'engin et de prendre la pelle plate à manche pour ne tolérer aucun débris impropre. L'engin travaille sans heurter les bords de la fouille. Les recommandations pour une bonne utilisation du tuf :

- découvrir le tuf par le haut
- nettoyer parfaitement l'aire où il va s'écrouler : l'élément indésirable n'est pas la pierre
mais la terre végétale
- abattre de haut en bas
- charger le camion en prenant de bas en haut
- ne pas hésiter à travailler à la pelle manuelle
- avoir le courage de descendre de l'engin
- ne pas heurter les bords de la fouille
- arracher le tuf en période sèche
- le déverser sur une aire propre du chantier, sur une bâche

Le tas est alors recouvert d’une toile noire (l’arène au soleil et à l’eau entame une nouvelle métamorphose).



Jeté sec et en pluie sur le crible pentu, le sable ruisselle. Sous le maillage, le sable tamisé s’amoncelle. À mesure du criblage, on écrase à la pelle le sable rejeté afin de le repasser une nou­vel­le fois au crible et d'utiliser ainsi le maxi­mum d'agrégrats contenus dans le tuf. On tamise au fur et à mesure des besoins.




Il existe des cribles à sable électriques à cylindre rotatif qui ont fait leurs preuves avec le tuf d’arène lorsqu'il est sec.

Les tufs sont de textures et de couleurs différentes : l'histoire géologique impose son empreinte. Ainsi, un même village présente des murs de tonalités approchantes car dans une même tuffière, les nuances varient. Il est donc vain de chercher "la" bonne nuance. Inutile de battre la campagne, prenons le tuf le plus proche dans la qualité qui convient. On ne pourra jamais faire plus juste, en fait de couleur locale, que de prendre le tuf local !


tuf_sous_toitCW.jpg
Le mur laisse entrevoir son mortier de construction : on peut y voir les grains de quartz et les paillettes de mica. Sous les avancées du toit, à l'abri de l'eau, la nuance naturelle est conservée. Ailleurs, le grisé du temps unifie toute la maçonnerie.

Rien d'uniforme, rien de normalisé dans les villages : avec leur palette de tuf, les maçons étaient des peintres !



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