Les surfaces des façades principales, elles-mêmes, ne sont pas inertes. Au sein des maçonneries pleines, des dispositions techniques particulières animent les parements du mur.
Chaque façade, en village ou dans les bourgs, par la variété de ces nervures maçonnées, présente un visage différent, une physionomie particulière.
Certains traits sont le signe d’une architecture policée, venue d’ailleurs : dans les Marches, Haute-Marche et Combrailles particulièrement, pays d’émigrants, les paysans maçons, au retour des grands chantiers urbains, dès la première moitié du XIXe siècle, surhaussent leur maison ; ils en construisent de nouvelles. Ils adaptent à leur pays et à leurs besoins des innovations de l’époque que leurs mains ont apprises.
Des maisons d’un étage obéissent avec docilité à la règle de la symétrie, base de la composition architecturale, indiscutable sur les chantiers : baies et trumeaux
Partie de mur entre deux baies.
sont distribués de part et d’autre du même axe, de haut en bas.
La partie supérieurre et terminale du mur, à l'égout du toit est le plus souvent arasée au mortier (avec un mur de surcroît
Muret de petites pierres ou de briques, édifié en supplément sur le parement intérieur du sommet du mur, au-dessus du plancher du grenier à grain qu'il protège. Caché par la toiture, il s'élève entre les chevrons jusqu'à rencontrer le pan du toit.
pour la partie grenier à grain).
Cette partie supérieure s'achève aussi souvent par un ouvrage selon une ordonnance antique rapportée par l'émigration creusoise : l'encorbellement
Partie de construction en saillie, en corniche sur le nu d'un mur, fréquemment pour recevoir l'égout d'une toiture. L'encorbellement est en pierre de taille, en pays de granite, parfois ailleurs ; à la génoise, il est composé de briques, tuiles et tuileaux.
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L'encorbellement couronne l’arase
Dernière assise (rangée de pierres) d'un mur, destinée à supporter d'autres matériaux.
des murs et reçoit la charpente des combles. Lorsqu'il est en pierres taillées l'encorbellement s’aligne en entablement
Dernier rang de pierres en haut d’un bâtiment, sur lequel repose la charpente de la toiture.
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Il présente le plus souvent des galbes et des moulures, selon le grain de la pierre et le temps disponible de l’ouvrier. La stabilité de cet ouvrage dépend de la profondeur d’assise sur l’arase. Selon les géologies, les corniches sont taillées dans le granite
Lors du plissement géologique hercynien, le magma, qui a migré vers la croûte terrestre et se fige lentement par cristallisation en profondeur, donne des roches grenues, les granites. Incandescent et épaississant, il transforme totalement les roches qu’il rencontre dans son voisinage.
, le calcaire
Roche composée essentiellement de carbonate de calcium. (petit ROBERT1)
ou le grès
Roche sédimentaire composée de grains siliceux agglomérés par un ciment naturel.
. Elles peuvent aussi être maçonnées à la génoise
Partie de construction en saillie, en corniche sur le nu d'un mur, fréquemment pour recevoir l'égout d'une toiture. L'encorbellement est en pierre de taille, en pays de granite, parfois ailleurs ; à la génoise, il est composé de briques, tuiles et tuileaux.
, en briques ou en tuileaux
- Petite tuile plate cassée.
- Petite briquette de terre cuite moulée de faible épaisseur mais de même surface que la brique. Employée pour les souches de cheminée, les arcs de décharge, les fonds de placard...
sous les fortes pentes des toitures en petites tuiles plates du sud-ouest limousin, de la Basse-Marche orientale et des Combrailles, voire de la Haute-Marche.
Dans la montagne limousine, on peut aussi observer des vestiges d'entablements rudimentaires en pierres plates qui se trouvaient sous des couvertures primitives en chaume.
En saillies horizontales et continues d'une chaîne d'angle à l'autre, les bandeaux et les cordons correspondent généralement à l’intérieur aux solives du plancher de l’étage. Ils contribuent à éloigner les eaux de pluie du parement des murs. En même temps, ils sont une assise confortant la solidarité des murs. Cette technique assez récente peut être le point de départ d’un surélèvement réussi, la maçonnerie restant dans la même cohérence. L’utile est joint à l’agréable.
Souvent aussi, on observe un décalage de ces cordons : ils sont alors disposés à la hauteur des appuis ou des linteaux
Poutre située au-dessus d'une baie et destinée à transférer les charges vers les jambages.
des baies de fenêtre avec lesquels ils se confondent ; ils sont de conception plus académique.
On peut voir aussi des embases de mur en grand appareil formant socle, avec un léger chanfrein
Surface oblique obtenue en abattant l'arête vive d'une pierre ou d'une pièce de bois.
dans le haut, pour rejoindre le mur.
On peut remarquer parfois des chaînes d’angle en légère saillie : c’est un appareillage conçu à son origine pour arrêter l’enduit de façade mais répété ensuite comme ornement.
La terre cuite, par ailleurs, peut apporter sa note chaude dans l’ordonnance des façades, un peu partout en pays limousins, surtout dans les constructions de la première moitié du XXe siècle, plus fréquentes alors dans le bourg que dans les villages de la commune. Aujourd'hui la brique de terre cuite est trop souvent méprisée alors qu'on peut très bien l'utiliser pour réaliser des jambages nouveaux ou remplacer des encadrements en bois défectueux.
Certaines sont appareillées en vives nervures rouges ou claires, pour délimiter un étage. Ce cordon répond à une idée d’ordonnance plutôt qu’à une nécessité de répartition des charges.