Regardons avec intérêt des façades et quelques pignons de maisons de village ; fixons les traits divers qui les animent. Chaînes d’angle plus ou moins prononcées, ordonnance des ouvertures et leurs pourtours, chaînages et corniches, souches de cheminées… impriment des physionomies toujours particulières dans un même cousinage de pays. L’âge de la maison, son histoire avec ses retouches, la condition sociale de son paysan (bordier, fermier, propriétaire ou métayer), le relief et l’agriculture du terroir natal apportent d’innombrables nuances qui tempèrent toute tentation d’établir une description type et systématique de la maison paysanne dite limousine.
A droite ou à gauche de la porte d’entrée, un petit jour encadré éclaire l’évier de la maison. Apparaît au dessous, l’avancée de l’égout
des eaux ménagères ; il est d’une seule pierre taillée ou bien plusieurs lames de pierres délitées en composent le canal.
Dans les pays arverno-limousins des hauteurs orientales de la montagne et de la Xaintrie, le local domestique, de plain-pied avec la salle commune mais extérieur sur l’arrière de la maison, constitue un édicule particulier, la
souillarde
La souillarde ou bassie, dénommée parfois évier, dont l'écoulement des eaux usées se fait au dehors, est une petite pièce sans porte. On l'appelle aussi aiguière en bas-limousin. Un ou deux seaux d'eau potable sont conservés à l'intérieur de la maison, de part et d'autre de la pierre d'évier.
ou aiguière ; elle est coiffée d’une charpente originale avec parfois une petite porte de sortie.
Sur un mur on peut voir ou deviner des briques qui signalent l’existence du placard pris dans la maçonnerie
de la salle de cuisine.
Des briques, encore, sur des pignons récents de maisons de bourgs ruraux dans une maçonnerie mariée à la pierre, indiquent le
cheminement des fumées vers les souches du toit.
Une niche a été parfois aménagée sur un linteau
Poutre située au-dessus d'une baie et destinée à transférer les charges vers les jambages.
; elle abrite une statuette.
Le trait noir d’un discret soupirail, au bas du soubassement de façade, marque l’emplacement d’une cave.
Voici quelque chose d’étonnant : quelles sont ces pierres qui hérissent le pignon de leurs pointes dépassantes ? Il n’y a là rien
de ténébreux ou menaçant pour des promeneurs naïfs et inquiets, cent ans après le chantier. C’est une simple façon de traiter une
difficulté de maçonner avec des pierres tout venant.
Ces perçantes ou traversières, comme disent les maçons sont sans parement évident et ne peuvent que se placer en boutisse
Pierre dont la plus grande longueur pénètre profondément dans l'épaisseur du mur. Seule la petite face (bout) est vue en parement.
, c'est-à-dire plongées dans la largeur du mur ; elles sont plus longues que la profondeur du mur, mais il est inutile de les briser car même si
elles traversent au-delà du mur, elles assurent un parfait liaisonnement.
Leur saillie est le plus souvent sur un pignon peu visible du voisinage, leur présence est un certificat de bonne maçonnerie, ce qui
entraîne la galéjade légendaire de "pierres à arroser" par l’équipe joviale des maçons.